Après sa deuxième visite au Liban depuis l’explosion du port de Beyrouth, le président de la République a décidé de se rendre à Bagdad le 2 septembre. Il semble qu’Emmanuel Macron soit déterminé à jouer un rôle plus important dans les crises et les conflits au Moyen-Orient. En effet, dans un contexte de tensions exaspérées entre Téhéran et Washington, Paris peut jouer un rôle constructif dans la région. Comment les médias et les différents journaux irakiens ont réagi à la visite d’Emmanuel Macron ? Voici un briefing des articles publiés sur ce sujet :
Pour l’auteur de cet article, publié par Nasnews le 3 septembre, le président Macron en évitant de critiquer directement l’Iran et ses alliés dans la région prend ses distances avec les États-Unis. “Paris évolue selon une stratégie qui contredit les positions de Washington contre l’Iran et ses armes dans la région, et qui place les intérêts français en priorité sur tout autre plan international“. Emmanuel Macron a déclaré à plusieurs reprises la nécessité d’un Irak souverain et indépendant. Mais dans quelle mesure Paris peut aider l’Irak contre les « ingérences » iraniennes ou américaines ?
L’auteur de l’article voit également la visite du président français à Bagdad comme un message indirect de Paris à Ankara. Depuis maintenant plusieurs mois, l’armée turque attaque les forces kurdes qui se trouvent dans le nord de l’Irak. Un développement des coopérations militaires entre la France et l’Irak peut donc être d’une grande importance stratégique.
“Macron essaie sans aucun doute de pousser à un Moyen-Orient tourné vers la France“, a déclaré Karim Bitar, un professeur de sciences politiques travaillant entre Paris et Beyrouth. Il ajoute que le président français se concentre sur le Liban et l’Irak, qui ont tous deux des relations avec l’Iran et l’Arabie Saoudite, car il pense que Paris pourrait jouer le rôle de médiateur si les tensions régionales s’intensifient.
La crise du Covid-19, la situation économique et l’élection présidentielle sont des raisons pour lesquelles selon l’auteur de cet article publié par Al-Sumaria, Donald Trump s’intéresse de moins en moins à certains pays, ce qui offre l’occasion au président français de remplir ce vide.
« La France, qui flirtait avec Erbil pendant la guerre contre Daech avec des visites et un soutien inconditionnel, a été interprétée par les observateurs comme un élan qui alimente le rêve kurde de se séparer rapidement du corps de l’Irak. » selon l’auteur. Paris annonce son soutien à Bagdad contre toute influence étrangère (Iran, États-Unis, Arabie Saoudite) et le terme « souveraineté » a été plusieurs fois répété par Emmanuel Macron. Mais pour l’auteur de l’article, la souveraineté irakienne c’est aussi le fait d’accepter que le Kurdistan irakien restera toujours irakiens et qu’une éventuelle séparation du territoire kurde ne puisse pas être envisageable.
Dans cet article publié par le journal ultra-conservateur, Sotaliraq, Sam Latif critique les démarches « coloniales » d’Emmanuel Macron en Irak et au Liban. L’auteur critique fortement les responsables irakiens pour l’organisation de cette visite qui a été annoncé au dernier moment. « Le plus honteux et le plus scandaleux pour l’actuel gouvernement irakien est que le président “Macron” est celui qui a fixé la date de la visite sans l’approbation d’aucune des trois présidences ou du Conseil des représentants irakiens ! C’est le comble du défi et de la dépréciation de l’Irak et de son peuple … et le peuple irakien porte l’entière responsabilité de sa perte d’unité et de solidarité pour faire face à ces défis fatidiques. ». Pour l’auteur de cet article, Paris reste ambiguë sur ses liens avec le Kurdistan irakien.
Comme nous l’avons vu avec ces trois articles, l’approche d’Emmanuel Macron ne fait pas l’unanimité dans les médias irakiens. Alors que les modérés le voient comme un médiateur, les conservateurs le voient comme un “colon”. Pour une partie de la population, la France représente un équilibre, pour d’autres, un danger. Ce qui est certain, c’est que la France et l’Europe ont un rôle à jouer dans cette région. Toutefois, la voie ne sera pas aisée.
Pour recevoir le briefing hebdomadaire de Jahan Info rendez-vous sur : Inscription