Après la double explosion qui a eu lieu le mardi 4 août dans le port de Beyrouth, faisant 158 morts (pour l’instant), le moment est venu pour les responsables politiques libanais de reconnaître les dysfonctionnements dont souffre ce pays depuis longtemps. Corruption, incompétence, ingérence étrangère ou système confessionnel, les analystes ne sont pas tous d’accord sur les raisons de l’échec du système libanais. Ce qui est certain, c’est que cette situation ne va pas durer. Le peuple libanais demande des réformes politiques et économiques structurelles. Comment cette situation est-elle perçue par les médias et les journaux de la région ? De nombreuses puissances régionales suivent ces développements de très près (Iran, Turquie, Israël, Arabie Saoudite). Comment sont perçues les initiatives du président français ?
Voici un résumé des articles publiés par les différents médias de la région sur ces sujets, détectés par “Smart monitoring” :
Dans cet article publié par le journal saoudien al-Riyadh, l’auteur s’inquiète de la situation politique extrêmement instable et de l’influence de Téhéran sur Beyrouth. « L’horrible explosion dans laquelle 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium ont été pulvérisées a provoqué un état d’explosion et un mécontentement populaire à tous les niveaux, que ce soit par des manifestations de rue et la démission subséquente de certains postes, indiquant un état de mécontentement ; le citoyen libanais ne peut plus faire confiance aux promesses et aux assurances de ses représentants, quels que soient leur poste et leurs responsabilités. ».
Une situation tragique dans un pays qui était un haut lieu de la culture, des lumières, de la pensée progressiste et de l’exportation de la créativité. L’auteur de cet article accuse l’Iran et le Hezbollah d’avoir affaibli l’autorité du gouvernement libanais et d’agir en fonction des intérêts de Téhéran et non pas de Beyrouth. Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite a déclaré lors d’une réunion : « le peuple libanais a le droit de vivre en sécurité, et l’hégémonie du Hezbollah est préoccupante ».
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La crise actuelle au Liban fait suite à une grave crise économique que le Liban a traversée pendant de nombreux mois, dont les résultats ont été une baisse record de la monnaie libanaise, la “livre”, et une faiblesse économique générale qui a frôlé la faillite.
Avec le Hezbollah, soutenu par l’Iran, le Liban est devenu le théâtre d’une guerre par procuration entre lui et Israël, et celui qui en paie le prix, c’est le Liban et son peuple. Selon Mohammad Nafe, “le peuple libanais a souffert à la fois du contrôle du Hezbollah sur les articulations de l’État, sans parler de la quantité d’armes qu’il stocke dans des sites civils de la capitale libanaise Beyrouth”. Ce qui se passe au Liban aujourd’hui annonce un avenir sombre, un avenir qui ne voit pas la lumière, et qui est le résultat naturel de tous les problèmes que le Liban traverse avec l'”existence du Hezbollah”, qui est devenu le principal dirigeant selon l’auteur de l’article pour le journal al-Ain, publié aux Émirats arabes unis.
Alors que pour certains, le Hezbollah est le garant de la sécurité au Liban face aux menaces de l’État hébreu, d’autres le considèrent comme un élément déstabilisateur et dangereux pour la stabilité du pays.
Le journal koweïtien al-Qabas revient sur la visite du Président français à Beyrouth et ses propos tenus lors de cette visite. « Peut-être M. Macron, lorsqu’il s’est rendu au Liban quelques heures après la catastrophe de l’explosion du port de Beyrouth, suivait-il la règle “Si vos vents soufflent, saisissez-les”, d’autant plus que son apparence ressemblait davantage à celle du Haut Commissaire qui faisait le tour des capitales coloniales au cours des siècles passés ».
L’auteur de l’article critique sévèrement le silence des responsables et des partis politiques libanais. « Les observateurs affirment que les objectifs de M. Macron sont loin d’être des objectifs humanitaires ou d’apporter la paix au Liban, notant que la France se considère toujours comme le gardien des pays qui ont souffert sous le joug de leur colonisation ou de leur mandat, qui s’applique au Liban, à la Tunisie, à l’Algérie et aux pays africains. Autres. Les observateurs ajoutent que M. Macron a profité du moment historique où le président américain Donald Trump s’est préoccupé des affaires intérieures de son pays, pour prendre les devants et s’imposer dans les positions internationales. ».
Ce qui est frappant dans cette affaire, c’est qu’environ 60 000 Libanais ont signé une pétition demandant le retour du mandat français dans leur pays, qui diagnostique la situation dans laquelle la classe politique dominante les a entraînés, qui, sous la direction du général Aoun, est devenue un grand labyrinthe, aggravé par la récente campagne de démission du gouvernement, incluant des ambassadeurs, des ministres et autres.
Le président français Emmanuel Macron a confirmé que les pays et les organisations internationales participant à la conférence de Paris en faveur du Liban ont pris des engagements d’environ 253 millions d’euros à court terme pour aider le peuple libanais.
Ceci intervient alors que la déclaration de la conférence des donateurs de Paris pour le Liban, dimanche, appelle à une enquête fiable et indépendante sur l’explosion du port de Beyrouth. À l’issue de la conférence, le communiqué a appelé les autorités libanaises à engager rapidement des réformes. La déclaration finale a également appelé à un engagement à fournir une assistance directe aux Libanais, soulignant l’accord visant à mobiliser des ressources importantes pour le Liban dans les jours à venir.
L’énorme explosion de mardi dans le port de Beyrouth a fait au moins 158 morts et 6 000 blessés, ainsi que des dizaines de personnes disparues et des centaines de milliers de sans-abri.
M. Macron a déclaré que l’aide internationale d’urgence reposait sur quatre priorités : la santé et l’alimentation – dont une grande partie passe par le port – ainsi que la réparation des écoles endommagées et la reconstruction des maisons démolies.
Paris a souligné que cette aide ne sera pas un “chèque en blanc” pour les responsables libanais, dont les citoyens dénoncent la corruption et la négligence alors que le pays est plongé dans une grave crise économique depuis des mois. Face au risque d’effondrement, M. Macron a exhorté les autorités libanaises à “prendre des mesures pour sauver le pays de la noyade et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime légitimement dans les rues de Beyrouth”.
Beyrouth n’est pas encore sortie de l’horreur de “l’explosion du siècle”, qui coïncide avec le centenaire de la naissance du Grand Liban alors que la fracture politique a atteint sa pleine dimension.
La situation libanaise est apparue au milieu d’un dilemme qui comprend plusieurs volets : une conférence internationale et une enquête locale, alors que les autorités locales sont perdues et se contentent de compter les victimes, les blessés et les disparus, et que les gens sont en colère. Et derrière la poussière, une question est répétée par tous : qu’y a-t-il dans la “boîte noire” du crime ?
Wafa Oad, l’auteur de cet article pour le journal émirati al-Bayan, critique fortement les responsables libanais pour ne pas avoir accepté une enquête internationale, considérant qu’il s’agit d’une répétition de l’expérience de l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri.
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