Un oléoduc construit en secret il y a plusieurs décennies entre l’Iran et Israël, que l’accord de normalisation émiratio-israélien a mis au jour, constitue une menace directe pour les revenus du canal de Suez en Égypte et un atout pour Tel-Aviv. Quelle est donc son histoire, et qu’est-ce qui a été révélé jusqu’à présent ?
Après l’article publié par Foreign Policy sur ce sujet, de nombreux médias et journaux arabes de la région se sont intéressé à cette information. Selon l’auteur d’un article publié par Noon Post, “l’oléoduc du désert qu’Israël exploitait auparavant dans le cadre d’une co-entreprise secrète avec l’Iran pourrait être l’un des principaux bénéficiaires de l’accord de paix entre Israël et les Émirats arabes unis.”
Tout commence par un oléoduc inutilisé mais très stratégique, comme l’affirment les dirigeants israéliens de la société Europe Asia Pipeline Company. Le canal de 158 miles de long qui relie la mer Rouge à la Méditerranée offre une alternative moins coûteuse que le canal de Suez égyptien et une option de connexion au réseau de pipelines arabes qui transporte le pétrole et le gaz non seulement vers la région, mais aussi vers les ports maritimes qui approvisionnent le monde avec cette source d’énergie. Il y a un peu plus de 60 ans, l’oléoduc Eilat-Ashkelon, lorsqu’il a été construit, était un grand projet national de construction visant à sécuriser l’approvisionnement énergétique d’Israël et de l’Europe au lendemain de la crise de Suez en 1956.
La majeure partie du pétrole circulait par l’oléoduc en provenance d’Iran, qui avait des liens étroits, bien que secrets, avec Israël pendant des décennies sous le règne du Mohammad Reza Pahlavi. En 1968, les gouvernements israélien et iranien ont enregistré ce qui s’appelait alors l’Eilat Ashkelon Pipeline Company en tant que demi-entreprise commune pour gérer l’exportation du pétrole brut iranien à travers le territoire israélien puis par tanker vers l’Europe.
La normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël a donc des avantages surprenants pour les deux pays. Une entente stratégique entre Tel Aviv et Abou Dhabi peut contrer l’influence iranienne dans la région. Pour le spécialiste du site Al-Araby, l’entente cordiale entre les Émirats et Israël est également une mauvaise nouvelle pour l’Egypte. Ce nouveau projet pétrolier est en effet une alternative au canal de Suez. Mamdouh Hamza, ingénieur expert en projets dans la région du canal de Suez, explique que la valeur des revenus générés par le trafic maritime du canal de Suez est le produit de la multiplication de deux chiffres, le premier étant la cargaison en transit en tonnes, et le second les frais de transit par tonne déterminés par l’autorité. Hamzah a expliqué que dans le passé il n’y avait qu’une seule route alternative, le Cap de Bonne Espérance, mais qu’il y a maintenant quatre routes alternatives supplémentaires, qui ne sont pas des routes optimales, mais qui sont des alternatives partielles, mais qui attirent certaines marchandises et certains ports, qui sont des routes alternatives aux lignes maritimes qui peuvent partiellement affecter le flux des navires dans le canal de Suez.
Une fois que les obstacles politiques à l’utilisation d’Israël comme centre de transbordement seront levés, les affaires pourront prospérer et, une fois l’accord EAU-Israël officialisé, il sera probablement suivi par d’autres membres du Conseil de coopération du Golfe, très probablement Oman et Bahreïn selon Arabic Post.
L’objectif à moyen term est que l’oléoduc acquière entre 12 et 17 % des activités pétrolières qui utilisent le canal de Suez actuellement. En raison des restrictions imposées par le canal, une grande partie du pétrole brut du Golfe destiné à l’Europe et à l’Amérique du Nord est pompée par l’oléoduc Suez-Méditerranée vers l’Egypte, dans lequel l’Arabie saoudite et les émirats arabes unis ont un intérêt, l’oléoduc égyptien n’opère cependant que dans une seule direction, ce qui le rend moins utile que son concurrent israélien, qui peut également traiter, par exemple, du pétrole russe ou azerbaïdjanais destiné à l’Asie.
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